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Voitures-radar privatisées : enjeu pour la Sécurité routière Voitures-radar privatisées : plus d’écran dans l’habitacle Voitures-radar privatisées : invisibles dans la circulation Voitures-radar privatisées : fenêtre infrarouge

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, a présenté le 24 février 2017, à la préfecture d’Évreux (Eure), les premières voitures-radar conduites par un seul opérateur sur des itinéraires contrôlés depuis un centre de supervision. Un conducteur employé par une entreprise privée, et non plus un policier ou gendarme.

Sur les routes françaises, depuis mars 2013, 383 voitures-radar contrôlent la vitesse des véhicules tout en roulant dans le flot de la circulation.

A donc débuté en Normandie l’expérimentation qui va aboutir, au 1er septembre 2017, à ce que la conduite de ces voitures-radar, invisibles des usagers dans la circulation, soit confiée à des prestataires privés. « Ce test de plusieurs mois est destiné à permettre l’homologation du nouveau système et ne donnera lieu à aucune contravention », tempère la Sécurité routière. Mais après…

Externalisation
Le dispositif d’externalisation sera ensuite étendu aux autres régions. Et là, les amendes tomberont. Des entreprises fourniront donc des chauffeurs pour conduire. « Sous étroit contrôle de l’État », précise Emmanuel Barbe.

Ces véhicules banalisés circulent actuellement avec un équipage de deux policiers ou gendarmes. L’un est affecté à la conduite, l’autre au réglage de la vitesse autorisée à l’endroit traversé. Ils n’ont pas pour mission de constater l’excès de vitesse : c’est le système automatique embarqué qui s’en charge, en fonction de la vitesse autorisée indiquée par le passager.

Les données sont transmises au Centre automatisé de constatation des infractions routières (CACIR) au sein du Centre national de traitement (CNT) situé à Rennes, où un officier du ministère public constate l’infraction sur photo et délivre l’amende.

Tâche indue
Le problème pour l’État, c’est d’employer des fonctionnaires de police et gendarmerie à ces tâches que l’on appelle « indues ». Car ils sont de moins en moins nombreux, du fait de la volonté politique de réduire les effectifs. Résultat, ces voitures ne circulent que 1 heure à 4 heures par jour en moyenne. Ce qui nous va bien, à nous conducteurs. Mais pas à la Sécurité routière… Qui veut arriver à un fonctionnement compris entre 6 heures et 8 heures par jour, 7 jours sur 7.

Une Peugeot ou Renault à 100 000 euros
Le gouvernement veut augmenter le temps d’activité de ces outils qui coûtent cher : environ 70 000 euros l’unité (hors temps de travail du conducteur, de l’opérateur et frais d’exploitation et maintenance) pour ces 383 voitures.

La prochaine génération de voitures-radar disposera en plus de nouveaux appareils automatiques, capables de lire les panneaux de limitation. Le radar sera autonome. C’est ce qui est en cours d’homologation.

Ce dispositif coûte cher : 30 000 euros par véhicule, ce qui porte le coût total d’un à 100 000 euros l’unité, hors temps de travail du conducteur, frais d’exploitation et maintenance.

« Cette réforme permettra de libérer du temps de travail pour les forces de l’ordre, équivalant à 400 emplois temps plein », explique Emmanuel Barbe. « Elles le consacreront à la lutte contre l’insécurité routière et la protection de la population. Elle permettra d’augmenter le temps d’usage des voitures-radar afin d’assurer un meilleur respect des limitations de vitesse sur l’ensemble du réseau ». Donc d’augmenter leur rentabilité…

Même si la Sécurité routière s’en défend : « il n’est pas question de rentabilité ! Le but n’est pas d’augmenter le nombre d’amendes, mais d’inciter les conducteurs à améliorer leur comportement, et ainsi il n’y aura plus d’amendes pour excès de vitesse ». On a dû mal entendre…

Appel d’offres dans deux mois
Pour recruter les entreprises privées, le ministère de l’Intérieur va lancer une consultation en vue de sélectionner un prestataire régional au titre d’un marché public dans les prochaines semaines. Elles seront rémunérées en fonction du nombre d’heures de conduite effectuées. Il sera fixé et contrôlé par les services de l’État en fonction des critères d’accidentalité locale.

« L’entreprise désignée ne pourra être intéressée au montant des amendes et aucune prime ne sera indexée au nombre de flashs, précise la Sécurité routière. Ni le conducteur ni l’entreprise n’interviendront dans le processus de verbalisation. Les véhicules confiés à l’entreprise titulaire du marché resteront la propriété de l’État.

Marge de 10 km/h
La Sécurité routière indique que pour « ce matériel de mesures de la vitesse en déplacement, la marge de tolérance est de 10 km/h en plus de la vitesse autorisée, ou 10 % selon ce qui est le plus favorable au contrevenant. Toute personne normalement attentive aux limitations de vitesse peut donc rouler sans crainte d’être verbalisée ».

Malgré ces précautions, on ne pourra ôter de la tête des conducteurs l’idée que ces véhicules furtifs œuvrant sans être vus fonctionnent comme des pièges. La majorité des amendes pour excès de vitesse relèvent d’infractions mineures, de quelques kilomètres/heure au-delà de la limitation.

C’est ce constat qui pousse les Français à penser que la sécurité routière est aussi une forme de sécurité rentière, comme ils l’ont dit récemment dans un sondage commandé par l’association 40 Millions d’Automobilistes. Et en plus maintenant, elle risque d’enrichir des entreprises privées.

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