Jeudi 23 juillet, lors de son premier conseil municipal, le nouveau maire (PS) de Saint-Denis (93) a marqué les esprits. Mathieu Hanotin a indiqué que sa ville rejoindrait la ZFE (Zone à faibles émissions) métropolitaine au 1er janvier 2021. À cette date, qui correspond également à la phase 2 d’exclusion des véhicules jugés les plus polluants de la ZFE, les Crit’Air 4, 5 et non classés seront donc priés de ne plus circuler en semaine de 8 h à 20 h à Saint-Denis mais également sur les 55 communes qui ont (à ce jour) adhéré au principe d’interdiction de circulation.

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Déployée au 1er juillet 2019 par la Métropole du Grand Paris (MGP), la ZFE n’avait pas fait l’unanimité parmi les 79 communes comprises dans le périmètre de l’A86. Chaque maire conservant l’autorité sur son propre territoire, la ZFE métropolitaine ressemble, entre les pro (47 au lancement de la ZFE, 55 aujourd’hui) et les anti, à un patchwork.
Et si, comme nous le montre l’exemple de Saint-Denis, la part des opposants a tendance à diminuer, notamment à la faveur des changements de maires intervenus après les municipales, se déplacer dans la MGP avec un véhicule relativement ancien ressemble à un casse-tête. Ainsi, si vous roulez sur une moto antérieure au 1er juin 2000 (non classée Crit’air), vous aurez bien des détours à faire pour rallier, par exemple, Créteil à Levallois-Perret dans le respect des restrictions de circulation. Ce qui, du point de vue de l’optimisation environnementale de nos déplacements, n’est pas sans poser question...

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Verbalisations à venir
La nouvelle municipalité de Saint-Denis, souhaite toutefois rassurer ses administrés en indiquant qu’il « n’y aura néanmoins aucune verbalisation avant la fin 2021 et l’entrée (...) dans la ZFE fera l’objet d’un accompagnement spécifique des habitant.e.s concerné.e.s. Cette mesure sera accompagnée d’une amélioration de l’offre d’alternatives à la voiture personnelle (vélo, transports en commun, co-voiturage, auto-partage) ». Et il va falloir mettre les bouchées doubles pour que la pilule passe auprès des propriétaires des 14 200 véhicules qui seront condamnés à l’immobilité dans un peu plus de 5 mois (soit 27% des immatriculations de véhicules particuliers à Saint-Denis selon nos confrères du Parisien). Sans compter tout ceux qui transitent par Saint-Denis en empruntant l’Autoroute A1, porte d’entrée Nord de la capitale.

Quid des plus fragiles ?
Une donnée qui n’avait pas échappé à Laurent Russier, l’ancien maire (PCF) de Saint-Denis qui, sans contester l’intérêt de la ZFE, redoutait cette écologie que les usagers peuvent percevoir comme « punitive » selon ses propres mots. L’homme avait fait part de son souhait d’accompagner « les plus fragiles », nombreux dans cette commune populaire. Et si des mesures d’accompagnement existent bel et bien, elles restent toujours insuffisantes pour les foyers les plus populaires. Sur cet aspect, Daniel Guiraud, vice-président (PS) de la métropole du Grand Paris et ancien maire des Lilas reconnaît que « les aides donnent des résultats mais ne résolvent pas le problème du reste à charge pour les familles très modestes ».

Des motards ? Quels motards ?
Quant aux motards qui roulent sur des machines antérieures au 1er juillet 2004, ils seront également priés de ne plus fouler le sol de Saint-Denis (et des autres communes adhérentes de la ZFE) à partir du 1er janvier 2021. La ville de Seine-Saint-Denis s’inscrit donc dans la droite ligne de la politique menée par Anne Hidalgo depuis juillet 2017 alors même que la très grande majorité des villes européennes refusent d’interdire le deux-roues en ville.
Sachez toutefois que si vous souhaitez être accompagné dans votre transition énergétique, vous pourrez, sous condition de ressources, bénéficier d’une aide maximale de 1 900 € pour l’achat d’un 2-roues électrique contre la mise à la casse de votre « 2-roues polluant » selon la terminologie officielle. En automobile, l’aide peut atteindre 19 000 €.
Tous les détails sont sur le site primealaconversion.gouv.fr

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