La réinstallation du Conseil national de sécurité routière (CNSR), dont les membres se sont réunis le 23 janvier dans un bâtiment moderne de la Préfecture de police de Paris, a donné lieu à de longs discours de bilan et prospectives, notamment par le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux (au centre) inaugure le nouveau CNSR le 23 janvier à Paris. Il est accompagné du délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe (à droite) et Yves Goasdoué, député PS de l’Orne et président de ce nouveau CNSR (à gauche).

Mais pourquoi le gouvernement réactive-t-il cette instance consultative ? Le CNSR a d’abord été relancé en 2012 par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, avant d’être mis en sommeil en 2015… au moment où le gouvernement de M. Valls, Premier ministre, a pris de nombreuses mesures répressives (lors du fameux comité interministériel d’octobre 2015). Maintenant que le job est fait, et quelques mois avant des échéances électorales majeures, rebelote, donc.

Quel impact sur les motards ?
Ce 23 janvier, le nouveau ministre de l’Intérieur a conforté l’objectif de descendre sous le seuil de 2 000 tués sur la route en 2020. On en est loin : 3 469 personnes y ont perdu la vie en 2016 (lire notre analyse sur ce bilan statistique provisoire de 2016).

Et ce, malgré les mesures sévères prises depuis 2015. « 84 textes normatifs ont été mis en œuvre autour de la sécurité routière depuis 2015 », a rappelé Bruno Le Roux. Alors, ce nouveau ministre a-t-il l’intention de remettre en cause la répression aveugle ? Pas vraiment… Il a fixé les orientations suivantes :
- améliorer le rendement des radars, notamment des radars embarqués dans des véhicules banalisés, en ayant recours à l’externalisation (des prestataires privés pour la conduite des véhicules) ;
- extension de la verbalisation par vidéo-surveillance ;
- extension des attributions de la police municipale dans les contrôles routiers ; car, dans le même temps police et gendarmerie sont mobilisées par la lutte antiterroriste.

Débats autour de l’airbag moto
Bridage pour les novices au permis A, port des gants obligatoire, standardisation du format des plaques d’immatriculation moto, tentative de contrôle technique à la revente finalement avortée… les motards ont subi les foudres de la sécurité routière depuis 2015.

Mais ce n’est pas terminé. Le débat au CNSR, en ce qui les concerne, pourrait porter autour du port obligatoire du gilet airbag en conduisant, pour les grosses cylindrées tout du moins. Le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, l’a évoqué dans son discours d’introduction. En corolaire, le casque jet, qui n’est pas compatible avec l’airbag, pourrait être interdit.

Le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe essaie un gilet airbag moto en compagnie de Charles Krajka, le 2 octobre 2016 sur le circuit Carole (93).

Autre mesure qui sera débattue en commission, l’extension du projet de continuum éducatif Cecur aux motards. De quoi donner le change en matière d’éducation.

Rassurons-nous, toutefois, ce nouveau CNSR pourrait bientôt laisser la place à un encore plus nouveau CNSR, si le gouvernement venait à changer après l’élection présidentielle de mai 2017, et sa stratégie de sécurité routière avec…

La composition du nouveau CNSR

Présidée pour une durée de trois ans par Yves Goasdoué, député de l’Orne, cette instance de concertation et de propositions, créée en 2001, est confortée dans son rôle de conseil du gouvernement.

Le CNSR compte désormais 67 membres titulaires ainsi que 44 membres suppléants et accueille en son sein un panel élargi des acteurs de la sécurité routière (personnalités qualifiées, élus nationaux et locaux, représentants de l’État, d’associations, des professions médicales, des gestionnaires de voirie, des entreprises et des institutions intéressées par la sécurité routière).

Il a pour objectif de formuler des avis et des recommandations au gouvernement, à l’heure de la transformation numérique, de l’apparition du véhicule autonome et du vieillissement de la population.

Quatre commissions ont été définies :
- Usagers vulnérables (piétons, cyclistes, deux-roues motorisés),
- Éducation routière et risque professionnel en entreprises,
- Nouvelles technologies et infrastructures routières (véhicules et réseaux routiers connectés),
- Santé et personnes fragiles (addictions alcool et stup’, conducteurs âgés).

Les représentants des motards au CNSR sont France Wolf, déléguée du bureau national de la Fédération française des motards en colère (FFMC) et Marc Bertrand, chargé de mission Sécurité routière de la FFMC. Patrick Jacquot, président du groupement d’assureurs Attitude Prévention et Pdg de la Mutuelle des Motards, y siège également. Il s’est porté candidat à la présidence de la commission Usagers vulnérables.

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