Présentation

En vidéo

Croiser une Multistrada 1200 Enduro, c’est un peu comme apercevoir une licorne sous stéroïde : rare et improbable. Conscient d’avoir créé un véritable monstre (de par ses mensurations, mais aussi son caractère), Ducati a retaillé ses crayons cette année pour nous dessiner une Multi capable d’emmener l’aventurier au bout du monde par la route et les chemins, mais aussi de le ramener entier ! Attention, n’allez pas croire que la précédente était une mauvaise moto, bien au contraire, mais ses mensurations adaptées uniquement aux plus de 1,80 m pouvait s’avérer liégeuse et fatigante pour le voyageur d’un gabarit moyen.
Alors comment rend-on un trail plus accessible ? En le rabaissant, naturellement : le débattement des suspensions passe ainsi de 200 à 185 mm, la selle s’affine et se fait moins haute d’un centimètre (860 mm), et les pontets de guidon, par cohérence, descendent de 3 cm. Même les caoutchoucs de repose-pieds (amovibles) ont été rabotés de quelques millimètres ! Voilà qui permet enfin à un pilote de 1,75 m de toucher terre de la pointe des pieds. C’est donc dans une relative confiance que l’on débéquille les 254 kilos (moins 3 kg grâce à de nouvelles jantes) et que l’on s’élance sur les sinueuses routes italiennes de Toscane. À son bord, la sensation d’être « dans » la moto persiste : aplani, mais toujours impressionnant, le réservoir de 30 litres enveloppe les genoux, la bulle, réglable manuellement, protège jusqu’en haut du casque et les pare-mains recouvrent parfaitement les gants autour des poignées chauffantes (en option). La selle passager, rehaussée, offre, quant à elle, une forme de dosseret qui cale confortablement pour enquiller sans peine les 450 km autorisés par le plein d’essence.

Électronique de pointe
Sur route toujours, la Multi profite de ses suspensions rabaissées pour gagner en précision. Le nouvel algorithme du système électronique semi-actif Skyhook additionné à sa jante de 19 pouces à l’avant en fait une machine saine, stable et homogène, particulièrement agréable à emmener dans le sinueux. Moins surprenante que la nouvelle Multistrada S à la mise sur l’angle, elle se montre aussi plus douce et plus reposante sur le long cours. Entièrement réglables électroniquement (sauf pour la précharge à l’avant), ses suspensions Sachs profitent enfin d’une interface facile d’usage pour les paramétrer à sa guise. Évidemment le nouvel écran TFT se connecte au smartphone, et Ducati a développé une nouvelle application pour peaufiner vos réglages suspensions, mais aussi vos modes moteurs, depuis votre canapé, votre tente, bref sans tournevis et surtout loin de votre moto. Au guidon, on peut encore intervenir sur le nouvel ABS sur l’angle, le contrôle de traction, de wheeling... On est bien loin de la simplicité assumée d’une Honda Africa Twin Adventure Sports, mais la Ducati joue des épaules (ou plutôt des arbres à cames aux profils variables) avec l’indétrônable BMW R 1250 GS. Pour tenter d’égaler la souplesse de l’allemande, l’italienne se devait d’afiner son comportement à bas régime.

Un peu de sagesse...
C’est désormais chose faite, et la sauvageonne s’est étonnamment assagie ! Attention, elle conserve ses impressionnants 158 chevaux et continue à vous allonger les bras sur chaque rapport tandis que les 64 cm3 de ce nouveau Testastretta DVT contribuent essentiellement à l’amélioration du couple à bas régime : on a désormais accès à 80% de ses 13 m.kg dès 3500 tr/min... Et les résultats sont là : plus ronde, plus douce, vibrant moins, la Multi ne cale plus sur un coup de piston lors des manœuvres à basse vitesse et se laisse dompter sans mal ni à-coups à bas régime sur le premier ou le second rapport, d’ailleurs raccourci. Sa sonorité se fait aussi plus feutrée et les petits bruits mécaniques, typiques chez Ducati, se sont estompés. Pour les plus nerveux, elle profite tout de même d’un shifter double effet efficace à tous les régimes. Enfin le freinage reste digne d’une hypersportive avec un excellent feeling aux commandes et une puissance d’arrêt tout à fait en phase avec le gabarit de l’engin lancé à pleine charge : dantesque !

Le verdict
Plus accessible, plus facile, et donc plus agréable pour voyager, cette Multistrada Enduro joue la carte de la sagesse. Une démarche qui devrait s’avérer gagnante et qui permet de mieux la placer face à sa principale concurrente, la nouvelle BMW 1250 GS Adventure, vendue à partir de 18 600 €, ou les très compétitives KTM 1290 Adventure S ou R proposées sous les 17 500 €. Reste que si l’on en juge par son prix – 21 890 € hors pack –, la modération reste ici somme toute relative, et la Ducati
ne s’impose toujours pas comme le choix le plus rationnel...

Publicité
Fiche technique

Ducati Multistrada 1260 Enduro (données constructeur)
Moteur
- Bicylindre en L, refroidissement liquide, distribution desmodromique variable, 4T, 4 soupapes
- Cylindrée (al. x cse) : 1262 cm3 ( 106 x 71,5 mm)
- Puissance maxi : 158 ch à 9500 tr/min
- Couple maxi : 13,05 m.kg à 7500 tr/min
- Alim./dépollution : injection/Euro 4
- Boîte de vitesses : 6 rapports
- Transmission finale : par chaîne
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 2 disques Ø 320 mm (4 opp.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 265 mm (2)
- Pneus Av-Ar : 120/70-19 - 170/60-17
- Réservoir (réserve) : 30 litres (nc)
- Poids à sec : NC kg
- Hauteur de selle : 860 mm (880 mm ou 830 mm en option)
Pratique
- Coloris : sable ou rouge
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : nc

Commentaire (0)