On pouvait dire que ce week-end « Cessens le ricin à Entrelac » !
C’est une toute petite équipe de seulement quatre membres, passionnés de motocross et d’anciennes, qui porte l’organisation qui a fait son trou dans le calendrier des courses d’anciennes.

Son vice-président, Norbert Pépin, n’est autre que le dernier vainqueur de l’épreuve qui se tenait, sur ce même terrain jusque dans les années 80, et il n’est pas le dernier à mettre du gaz sur ses deux magnifiques CZ 420 cm3 des années 70. Les side-cars ne sont pas en reste pour tourner la poignée non plus, comme l’a montré la bagarre que se sont livrés les deux premiers de chaque manche. Il faut dire qu’il y avait du beau monde, notamment le local de l’étape, Gilles Mecène, six fois champion de France et 3e du mondial en 92. L’homme est venu en voisin avec un attelage 1000 EML de 1984, dont le grondement fut un enchantement pour les mélomanes.

Ce n’est pas qu’une compétition
Plus qu’une compétition, c’est une succession de manches de 20 minutes, non chronométrées, où on se tire la bourre pour ensuite tous se retrouver sous le chapiteau autour d’un bon repas savoyard qui prend des allures de banquet gaulois où les sangliers sont remplacés par des jambons à la broche. Vous l’avez compris, les amateurs d’anciennes sont avant tout de bons vivants.

Petite histoire
Ce rendez-vous sportif et festif, se tient depuis trois ans le premier week-end de septembre sur un terrain privé de 8 hectares, dans le petit village savoyard de Cessens, commune d’Entrelac, située à mi-chemin entre le lac du Bourget et le lac d’Annecy. Le terrain en forme d’amphithéâtre naturel est constitué d’une succession de descentes et de montées spectaculaires, un vrai terrain de motocross à l’ancienne comme il en existait tant avant l’avènement du SX et ses terrains tracés au Bobcat. L’exploitant agricole qui le met à disposition du club y élève 130 vaches laitières le reste de l’année. Il n’est malheureusement pas sûr de pouvoir continuer à le prêter en raison du voisinage et d’un projet de passer la parcelle en agriculture bio à l’avenir.

Nos ancêtres les motos
Les machines présentes ont beau être rares et fragiles pour certaines, et malgré l’âge moyen des pilotes dont on pourrait penser qu’il est synonyme de sagesse, les participants ne sont pas venus pour trier des lentilles. Ça se bagarre ferme, ça « soude », les pneus déchirent le terrain et les mottes de terre volent. Il y a des chevaux dans ces vieux moulins. Voir, mais surtout entendre de nouveau ces gros deux temps de 360, 390, 420 et même 440 cm3 reprendre à bas régime en bas des raidillons et prendre les tours est assez jouissif. Je ne parle même pas du grondement des gromono BSA ou du rugissement des twin 650 Yam XS réalésés à 850 cm3 par EML qui sont montés sur la plupart des sides. Les oreilles sont à la fête, et en se promenant dans le parc coureurs, les yeux aussi. On passe de magnifiques CZ tchèques période « rideau de fer » à de rares Portal françaises dont le cadre treillis épuré est repris par KTM sur certains modèles actuels. Pour la catégorie pré 65 (avant 1965), les anglaises mono 4 temps sont majoritaires, puis les premières japonaises arrivent au début des années 70. Les années 80 sonnent la fin des européennes qui disparaitront les unes après les autres.

Vestige d’une autre époque
Le parc coureur est constitué de ces vestiges de l’âge d’or des européennes : BSA ou CCM pour les anglaises ; CZ pour les tchèques ; Maïco, pour les allemandes ; Cagiva, Villa, Ancillotti, Aspes, et j’en oublie pour les italiennes, Ossa, Bultaco, Montesa pour les espagnoles, quelques Portal qui représentent l’industrie moto française, seules les KTM et les Husqvarna ont survécu à cette invasion japonaise.

Une chouette idée de sortie pour les amoureux des belles mécaniques. Il faut absolument en profiter ; les contraintes qui pèsent sur les organisateurs de telles épreuves viendront un jour à bout de leur persévérance.

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