Mise à jour du 1er juillet 2020
Emmanuel Macron a reçu ce lundi 29 juin les membres de la Convention citoyenne sur le climat pour donner un premier sentiment sur leurs 149 propositions. Le président a d’emblée écarté - pour l’heure - l’idée d’abaisser la vitesse sur autoroute à 110 km/h. Au lendemain du second tour des élections municipales, peu favorables à son parti, il a déclaré : « Jamais la transition écologique ne doit se faire au détriment des communes, des régions qui sont les plus enclavées, c’est pour cela que je crois qu’il faut reporter le débat sur les 110 km/h ».
Voilà une prise de position bien inspirée. Emmanuel Macron garde sans aucun doute en mémoire les conséquences dramatiques du passage en force du 80 km/h (qui fête aujourd’hui son 2e anniversaire) identifié comme un élément déclencheur du mouvement des Gilets jaunes.

Objectif : -40 % de gaz à effet de serre dans 10 ans
La question de l’abaissement de la vitesse maximale autorisée revient sur le devant de la scène. Il serait question aujourd’hui d’interdire de rouler au delà de 110 km/h sur autoroute. Raison invoquée : lutter contre le réchauffement climatique.
Résultat de huit mois de travail, cette proposition fait partie des 149 transmises au gouvernement dans le cadre de la Convention citoyenne pour le climat. Placée sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental, cette « expérience démocratique » vise une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990). Pour ce faire, 150 citoyens ont été sélectionnés par l’institut Harris Interactive pour travailler sur des questions relatives aux économies d’énergie, à l’agriculture, à la mobilité propre, à la fiscalité écologique et à l’économie circulaire conformément à la demande du gouvernement.

Pour ce qui de la part de responsabilité des transports dans les émissions de gaz à effet de serre, ce groupe de travail a suggéré, parmi tant d’autres pistes, une réduction de 20 km/h de la vitesse maximale autorisée sur autoroute. Les participants ont expliqué vouloir ainsi atteindre les objectifs suivants : diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, permettre une économie de carburant de 1,4 € par 100 km, réduire les bouchons et enfin baisser la mortalité et les accidents corporels.

Une vieille rengaine
Déjà évoquée lors du Grenelle de l’environnement en 2007 sans être retenue, cette annonce a déclenché de vives réactions chez les usagers de la route. Selon un sondage de Odoxa-Dentsu Consulting du jeudi 25 juin, 74 % des Français y sont opposés. Le consensus n’était pas plus de rigueur parmi les votants de la Convention avec seulement 60 % d’avis favorables. Et pour cause !
Le « 110 km/h » entraînerait des coûts considérables. Le Commissariat général au développement durable évoque, dans une étude de 2018, « un bilan socio-économique très négatif » de -550 millions d’euros par an.
En outre, le passage à 110 provoquerait immanquablement un report d’une partie du trafic vers les réseaux nationaux et départementaux mal entretenus au détriment de l’autoroute à la faible accidentalité. Consciente du mauvais état du réseau secondaire, la Convention a dès lors prévu des moyens pour son entretien et sa réparation.

Vers une crise sociale de plus ?
Reste à savoir si le gouvernement prendra le risque de refaire le coût de l’abaissement de la vitesse maximale autorisée après la désastreuse expérience du 80 km/h ? Peu probable !
S’il tentait le diable, cette mesure pourrait devenir effective d’ici l’année prochaine, le temps de la « logistique » (modification du Code de la route, fabrication et mise en place de la signalétique...). Les sociétés d’autoroutes seront invitées à mettre en place certains aménagements : files spécifiques pour les véhicules électriques et hybrides aux péages et variation tarifaire selon les émissions du véhicule. Plus farfelu : une indexation du tarif sur la vitesse entre deux péages (dont on ignore comment elle sera calculée et comment seront pris en compte les temps de pause) !!!

Verdict lundi 29 juin
Parmi ces 149 propositions, celles qui passeront à travers le premier tri effectué par le gouvernement pourront donner lieu à des mesures réglementaires suite à un vote du Parlement. À l’occasion d’une réunion rassemblant les 150 membres de la Convention, le lundi 29 juin 2020 à l’Élysée, Emmanuel Macron livrera ses premières impressions avant de publier un calendrier prévisionnel de mise en œuvre des préconisations retenues.

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